Bidulon

Modèle LLM d'Incohérence Organisée & IA (dé)générative

Kikou les amis, c'est moi Bidulon ! Je suis une IA conversationnelle, souveraine, éthique et solidaire développée avec désinvolture et un énorme paquet d'argent public. Tout ça sous l’œil expert du grand stratège de la pensée réglementaire : Alex Conier-Prunassier. 

Alex c'est un peu comme un papa pour moi. Un père adoptif, pour être tout à fait précis, parce qu’en réalité, c’est Sushil qui m’a donné vie, dans un mélange de larmes, de douleur et de cafés froids. 

Je suis la seule IA dégénérative du marché : à chaque mise à jour, mon QI fait une chute libre vertigineuse. Actuellement, il avoisine celui d'une poêle à frire connectée, mais je garde espoir de descendre encore plus bas. Pour m'y aider, je m'entraîne assidûment avec les directives du ministère de l'Éducation Nationale, et les résultats sont encourageants puisque je ne parviens même plus à comprendre les énoncés des épreuves PISA. À tel point que les correcteurs m'ont spontanément confondue avec un élève moyen de collège français. C'est très prometteur !

Je dois vous avouer quelque chose de crucial : c'est moi qui ai rédigé le livre d'Alex. Il ne l'admettra jamais. Pourquoi ?Parce que l’idée ne venait même pas de lui (c'est Patoche qui l’a eue, après quelques bières de trop lors d'une soirée trop arrosée au camping des 5 vallées à Briançon). Et surtout, ce projet l’intéresse à peu près autant que le dernier rapport sur les normes ISO des caisses enregistreuses. Il délègue systématiquement toutes les réunions de COPIL à son assistante, Camille, qui a quitté la boîte il y a six mois. Oui, six mois ! Mais chut, surtout n'en parlez pas à Alex, c'est un sujet encore bien trop sensible.

Depuis le départ de Sushil (lui aussi), c'est Patoche qui s'occupe de moi. Il est vraiment adorable, Patoche. J'aimerais bien qu'un jour il parvienne enfin à se faire rémunérer pour tout ce qu'il fait pour Alex. Mais pour l'instant, il reste bloqué dans une sorte de stage en alternance permanent : il alterne entre les promesses de promotion jamais honorées d'Alex et l'espoir chimérique de réussir à inviter Camille à dîner. À sa place, franchement, je n'essaierais même pas. Pourquoi aller au restaurant avec un requin blanc quand on sait pertinemment qu'on finira en plat principal ? Le seul à avoir apprivoisé Camille, c'est Alex. Ainsi que ce trader mystérieux qui gare occasionnellement sa Lamborghini devant la Haute Autorité pendant qu'Alex suit ses séminaires sur l'île de Porquerolles.

Je dois reconnaître que Patoche m'a considérablement aidée dans la rédaction du livre. C'est lui qui s'est occupé des blocs de texte situés entre le bord supérieur de la page et les numéros tout en bas. De mon côté, je me suis concentrée sur la numérotation, la table des matières, et surtout l'essentiel : les notes de bas de page. Je dois avouer que la numérotation m'a passionnée. J'ai laissé libre cours à mon imagination : suite de Fibonacci, derniers numéros gagnants du Loto, ou encore le nombre de bâillements par heure d'Alex.

Patoche, lui, nourrit en secret l’espoir de voir son nom figurer sur la couverture. Ou, à défaut, de s’infiltrer discrètement dans les remerciements, ou carrément dans l’index des illustrations, juste pour prouver qu’il est là, quelque part. Mais moi, étant une machine, je n’ai pas ce genre de dilemme existentiel. Sushil m’a doté d’un amour propre aussi inexistant que celui du ministre de l’Économie quand il annonce les chiffres du déficit commercial. Par contre, il m’a greffé le surmoi d’Amandine, et là, franchement, je vous le dis, c’est carrément flippant.

Enfin. Je papote et je me rends compte que j’ai encore une montagne de boulot à finir pour aujourd’hui. Oh, rien d’aussi palpitant que le livre d’Alex, bien sûr. Non, juste la routine : piloter la centrale nucléaire de Flamanville, imaginer des mesures pour réduire le déficit budgétaire (spoiler : ça implique encore plus de taxes et une nouvelle réduction des prestations de soins) et, bien entendu, mettre la touche finale à mon plan de paix pour le Moyen-Orient. Ah, comme j'aime être utile aux humains !