
Amandine Conier-Prunassier
First Lady à la Haute Autorité de Régulation des Micro Gestes Professionnels
Adjointe à la Maire de Paris en charge des personnes en situation de désaccord intérieur
Email JavaScript requisEn tant que First Lady de la Haute Autorité, Amandine assure auprès d'Alex une présence constante, discrète mais décisive, dans toutes les activités stratégiques qui se déroulent dans des salons feutrés ornés de photocopieuses Louis XV ou sur des banquettes arrière de Citroën institutionnelles.
Femme engagée, Amandine siège au comité exécutif d'EELFI, ce parti dont elle ne parvient jamais à se rappeler s'il est écologiste, socialiste, trotskiste, ou les trois simultanément. Elle occupe également un poste d'adjointe à la Maire de Paris, en charge des personnes en situation de désaccord intérieur, une mission délicate sur laquelle elle préfère rester évasive, n’étant jamais parvenue à trancher avec elle-même sur la question.
Ce qu'Amandine déteste le plus au monde, c'est bien sûr les injustices sociales. Ainsi que Camille. Surtout Camille, en réalité. Camille, qui incarne tout ce que le système a de plus pernicieux : le sourire poli, l'intelligence froide, et une capacité inouïe à transformer chaque moment en un chef-d'œuvre de manipulation subtile. Un vrai monstre à deux pattes, aux proportions harmonieuses, au port altier et doté d'un maintien gracieux capable de briser plus d'un ménage.
Et Amandine doit la supporter, car Alex, ce naïf, lui voue une adoration quasi-religieuse. On jurerait qu'il a été envoûté. Mais Amandine, elle, est tranquille. Pas de risque de tromperie, non. Elle a elle-même déconstruit Alex. Méthodiquement grâce à une formation accélérée auprès de Saintrine Rouspeteau. Malheureusement, ça n'a pas fonctionné. Mais ça, Amandine l'ignore.
Tout ce qu'elle a tenté pour se débarrasser de Camille a échoué. Elle est même allée jusqu'à jouer la carte de sa position hiérarchique auprès de la presse indépendante et morale. Elle a exigé une tribune assassine dans Lidélation. Mais tout a volé en éclats quand le journaliste chargé d'interviewer Camille est revenu avec un syndrome post-traumatique qui l'a obligé à vivre terré dans sa cave, enroulé dans une couverture de survie, pendant deux ans d'affilée. Depuis, il a repris son travail, mais dès qu’il aperçoit une femme en tailleur ou un Rottweiler sans muselière, il est pris de convulsions incontrôlables.
Pour se changer les idées, Amandine s'est lancée dans l'écriture. Son projet politique pour la ville de Paris, bien qu'édité par une maison d'édition ayant pignon sur rue, ne s'est écoulé qu'à quelques centaines d'exemplaires, uniquement grâce aux commandes des bibliothèques publiques et des EHPAD de la ville. Mais Amandine a pris goût à l'exercice et c'est elle qui, discrètement, sans chercher à s'en attribuer le mérite, a rédigé le livre d'Alex. C'était son cadeau pour leur quinzième anniversaire de mariage, et aussi sa façon de lui prouver qu'elle aussi, comme Camille, pouvait le satisfaire. Sauf que quand Camille satisfait Alex, il a des larmes de reconnaissance dans les yeux et des trémolos d'émotion dans la voix.
Ces derniers mois, Amandine a été injustement affectée par une campagne de rumeurs malveillantes insinuant qu’elle aurait été, dans une autre vie, professeur de français au collège Kevin-Pascal Boulingrin d'Amianteville, rumeurs absurdes qu’elle dément avec calme, tout en rappelant qu’aucune preuve tangible ne l’oblige à confirmer ou infirmer qu’elle possède un Bescherelle.
Après de longues hésitations (et plusieurs dîners en ville émaillés de ricanements étouffés, de regards fuyants et de messes basses plus épaisses que le gratin), Amandine et Alex ont décidé de porter l’affaire en justice. Les deux inculpées, Ginette Balafroux et la médium autoproclamée Madame Corona (nom de scène, et d’imposition), se sont réjouies de la procédure car leur audience cumulée sur tous les réseaux sociaux stagnait très en dessous de la côte de popularité du premier ministre. A vrai dire, elle ne dépassait guère les chiffres de fréquentation des universités d’été 2024 du MouDerme lesquelles, rappelons-le, n’avaient attiré qu’un retraité égaré en quête de petits-fours et deux touristes lettons mal orientés par l'application Waze.
En attendant que le verdict tombe et que le magistrat cesse de rire après avoir lu le dossier, Amandine poursuit son engagement sans relâche, malgré les insinuations et les photomontages douteux circulant sur Internet, dont celui, particulièrement odieux, où un cliché la montre préparant un cours sur le bon usage du subjonctif.
Malgré leur détestation de la famille traditionnelle et des valeurs bourgeoises, Amandine et Alex sont les heureux parents de cinq enfants : Pétronille, Timaé, Amaury, Apolline-Rose et Côme. Amandine vit entre Paris, sa résidence secondaire en Normandie, sa maison de vacances à Pantelleria et les couloirs de l’autorité, en compagnie de son époux Alex, de deux badges d'accès, et d'un chat nommé Tournibule, conformément à la directive européenne sur les animaux de compagnie.